Les apprentissages


GÉNÉRALITÉS


Objectifs

Nous essayons de construire (ou reconstruire) un chien équilibré capable de s'adapter à toutes les situations, un chien autonome qui adoptera le bon comportement sans que nous soyons obligés de le commander, un chien complice qui nous offrira sa coopération.

Le maître doit être considéré comme un guide par le chien à chaque fois que la situation le demande. Nous installons une relation fondée sur la communication. Le maître doit :

- apprendre à comprendre ce que dit le chien avec son langage silencieux,
- apprendre à se faire comprendre par son chien en ayant un comportement et un langage faciles à décrypter pour le chien, correspondant à la logique canine,
- acquérir des automatismes pour observer le chien et le contexte (les autres chiens, les humains, les risques) pour pouvoir anticiper et ne pas paniquer.

Comportements à adopter

Éducation et rééducation sont basées sur les mêmes principes, mais il est plus simple de mettre en place de bonnes bases au départ que de rattraper des comportements inadéquats.

C'est une évidence à première vue, mais le nombre d'abandons nous prouve le contraire.
 

UTILISATION DU NOM

N'appelez pas toujours le chien par son nom.

Appelez le par un "petit nom d'amour". Vous pouvez en avoir plusieurs, c'est le ton employé qui en fera la valeur.

Commencez toujours par ce petit nom suivi par ce que vous voulez, sur le ton de l'invitation. Si au bout de deux ou trois demandes le chien ne réagit pas, recommencez en changeant de ton et en commençant par le nom officiel.

Exemple avec un enfant : "Juju, tu viens manger ?" ... "Juju, tu viens manger ?" ... "Julien ! À table !"

Le chien comprendra aussi la nuance.

En cas d'urgence utilisez tout de suite le nom officiel et vous serez plus efficace.

Ne prenez pas l'habitude de l'appeler en répétant plusieurs fois de suite rien que son nom ou rien que son petit nom : Si je dis à un enfant : "Julien, Julien, Julien", Julien aura envie de savoir ce que je veux. Il posera une question.

Le chien ne posera pas de question et il ne fera plus attention à son nom.

Dites une seule fois son nom (ou le petit nom), suivi de la demande ; pas le contraire : il saura qu'à la suite de son nom il aura une information. 

Et dès qu'il manifeste l'intention, félicitez ! c'est très important, le chien a très envie de recevoir cette félicitation ; la félicitation lui permet de savoir qu'il a bien répondu à votre demande.

Ce petit détail est souvent à l'origine du "chien qui n'écoute pas".
 

RESPECT DE CE QUE LA NATURE A MIS EN PLACE AU DÉPART

Les chiens vivant en meute dans la nature n'ont pas d'addictions. La sérénité du groupe est un élément de survie. Évitez donc tout ce qui génère de l'excitation, entretient le plaisir de mordre comme cela a été dit pour le jeu.

Veillez à ce que le chiot garde ses codes canins, mettez-le en relation avec des chiots et des adultes en choisissant des espaces avec des cachettes naturelles et en les observant sans intervenir du tout, c'est-à-dire sans même faire la moindre remarque, moquerie, remarque humoristique... dont ils pourraient avoir conscience. N'intervenez pas, même si vous trouvez les adultes un peu trop exigeants (bien sûr vous veillerez à éviter des chiens ayant des problèmes avec les chiots). Nos interventions faussent la gestion canine et eux remarquent "des choses" qui nous échappent.

Ne pas intervenir, c'est aussi ne pas forcer un chien à aller au contact d'un congénère (par exemple parce que c'est le chien d'un de vos amis et que vous auriez voulu les voir jouer ou parce que vous avez décidé de consacrer une promenade à la socialisation).

Ne le mettez pas en difficulté en faisant passer les habitudes humaines avant les habitudes canines : entre humains, nous nous précipitons pour nous dire bonjour. Lorsque nous sommes accompagnés par des chiens il faut tenir compte de leur besoin de s'informer, de leurs codes, de leurs attitudes, de leurs "défauts", de leurs difficultés...

Je l'ai déjà dit, mais il n'est pas inutile de le marteler :

N'allez jamais directement vers un groupe humain, canin, ou humain/canin. Arriver de face peut être considéré comme un affront par un chien.

Quand vous le rappelez, placez-vous de manière à ce qu'il puisse venir vers vous sans passer devant un chien (cela pourrait lui poser un problème) ou sans faire face à un chien.

La plupart du temps il ne se passera rien mais on ne sait jamais ; le nombre favorise l'excitation et peut déclencher une bagarre...

Prendre ces précautions doit devenir un automatisme pour vous.

(Les témoignages sur les précautions au moment de l'arrivée de chiots illustrent ces conseils)

vidéo détente Sylda balade
 

LES BASES POUR CONSTRUIRE LA COMPLICITÉ

Offrez lui des vraies balades canines en marchant lentement, en respectant sa curiosité des odeurs (comme nous sommes curieux des fleurs, des paysages, de ce qui nous attire dans les vitrines des magasins).

Pour lui, c'est une activité intellectuelle qui le calmera plus qu'un parcours très rapide avec juste la possibilité de faire un ou deux pipis.

Marchez en silence, sans le rappeler vocalement ; cela l'obligera à devenir attentif à vos déplacements et permettra la mise en place d'un vrai rappel.

Si vous rappelez ou sifflez sans arrêt, il ne pas attention à vous et ne cherchera pas à savoir si vous vous êtes éloigné de lui.

Un VRAI rappel, c'est quand on n'a pas besoin de rappeler, parce que le chien est attentif à nous (l'apprentissage du rappel sera repris en détail).

N'exigez pas de la reconnaissance : il ne peut pas être conscient des efforts que vous faites pour lui.

Ignorez les fautes et les erreurs : gronder, courir derrière lui pour récupérer un objet, c'est montrer qu'il a attiré notre attention, entrer dans son jeu et devenir prévisible.

Il recommencera pour attirer votre attention quand il en aura envie. S'il ne réussit pas à attirer votre attention, il abandonnera. C'est aussi une stratégie utilisée par les chiens.

N'oubliez pas qu'un chien n'est pas un humain. Il n'a pas la notion de bonne action ou de mauvaise action au sens moral comme nous. Il ne connaît pas la valeur des choses : la corde à nœuds et le joli pantalon sont tous les deux en fibre textile. Si vous riez quand il s'acharne à tirer sur le corde, il ne comprendra pas pourquoi il sera puni s'il tire sur le bas de votre joli pantalon ou sur la peluche de votre enfant.

Lorsqu'un chien prend une initiative, s'il obtient un effet qui lui convient il recommencera. S'il obtient un effet désagréable, il ne recommencera pas ou deviendra prudent (comme on apprend qu'on peut se brûler en touchant la porte du four). S'il ne se passe rien, il abandonnera.

Si vous avez déjà donné des mauvaises habitudes au chien au début, il essaiera de continuer à fonctionner comme cela lui convenait. Mais il faut persévérer.

Vidéo Flore et Platon
 

Encouragez les bonnes actions, positivez, félicitez avec beaucoup d'enthousiasme (sourire, expression corporelle). Montrez votre joie comme vous le faites pour le premier bonhomme têtard d'un enfant. Plus vous serez expressif, plus le chien aura envie de vous faire plaisir. Attention, car dans certains cas, il faut être moins démonstratif au risque d'entraîner une montée en excitation.

Pour ces encouragements, les mots sont importants. Nous utilisons "c'est bien" si possible suivi de l'expression qui correspond à l'action demandée. Par exemple "Tu avances ?" ... "C'est bieeeeen, avance".

Anticipez pour éviter au chien de fauter en utilisant la gestuelle et les déplacements ou les mots qu'il connaît : par exemple si vous remarquez qu'il va prendre un objet, vous dites "tu laisses ?"... suivi de "C'est bieeen, laisse" et vous vous éloignez au lieu de regarder l'objet pour qu'il s'en éloigne aussi. Vous pouvez aussi utiliser une trajectoire qui l'empêche de s'en approcher.

Quand vous pensez qu'il peut y avoir risque d'excitation, anticipez en vous éloignant, en vous arrêtant (pour ralentir le chien), en avançant lentement (pour qu'il prenne vraiment le temps de s'informer) cela sera détaillé plus loin.

Quelle que soit la situation, on en revient toujours aux mêmes conseils : anticiper, féliciter, ignorer (cf. vidéos "ignorer" dans "éléments de la culture canine").

Vidéo dialogue silencieux avec Florehaut de page


Les micro-progrès

Il ne faut jamais perdre de vue que l'objectif n'est pas de se faire obéir mais de faire comprendre au chien ce que nous attendons de lui.

Pour certains apprentissages, nous devons avancer par micro-progrès. Cela ne signifie pas que nous allons avancer petit à petit avec le même nombre de séances pour tous les chiens. Cela signifie que nous devons scrupuleusement respecter la capacité d'écoute et la fatigue mentale du chien et ne jamais dépasser la limite de ce qu'il peut supporter, même pas d'une seconde : il faut qu'au moment où nous disons "c'est bieeen c'est fini !!" d'un ton JOYEUX, il soit encore en train d'accepter l'effort et qu'à la fin il soit content. Pas content comme lorsqu'une douleur s'arrête. Content d'être félicité.

S'il a décroché, il ne sera plus capable de réfléchir. Il ne sera pas content de nous avoir fait plaisir mais content parce que c'est fini (pour nous aussi le ressenti de "c'est fini" n'a pas la même valeur selon que nous venons de réussir quelque chose ou que c'est enfin l'heure de la sortie).

Quelquefois un exercice ne peut durer qu'une ou deux secondes.

Si nous dépassons la limite, la fois suivante il ne sera pas dans une bonne disposition mentale et le fait d'en avoir demandé un tout petit peu trop peut se payer pendant des mois.

La notion de micro-progrès étant abstraite, je vais essayer de la rendre plus claire à partir du travail avec les appareils éducatifs (leur utilisation sera détaillée dans la partie consacrée aux aides pédagogiques).

La mise en place de l'exercice doit permettre d'éviter la faute : lorsque vous vous adressez à un enfant, vous pouvez donner des précisions orales, lui dire d'avance comment cela se passera, comparer ce qui serait bien et ce qui n'irait pas. Avec le chien ce n'est pas possible.

Il faut donc anticiper pour éviter la faute et pouvoir nous concentrer sur ce qui nous convient.

Comme les apprentissages se font aussi par imitation, à chaque fois que cela est possible nous lui permettons de voir faire d'autres chiens (sans l'obliger à regarder en le tenant en laisse). Il arrive aussi que celui qui travaille soit un peu perturbé par ses congénères et dans ce cas nous nous adaptons.

 

 

• Nous devons aussi nous contrôler pour ne pas donner en même temps des messages involontaires (le petit geste qui le ferait avancer alors qu'il doit rester) si nous remarquons que le chien a été induit en erreur à cause de notre gestuelle, nous abandonnons notre idée et continuons, à partir de ce qu'il a compris. Nous ferons ce que nous avions l'intention de faire un autre jour.

 Nous devons utiliser une gestuelle qu'il connaît, c'est-à-dire copiée sur celle de sa mère (regards, positions...) ou utiliser la gestuelle pour renforcer nos mots (montrer du doigt la direction dans laquelle il doit avancer, éventuellement faire un pas vers cette direction).

Nous devons prononcer le bon mot au bon moment.

 Nous ne devons surtout pas nous énerver.

 Nous devons l'observer (sa queue, ses mimiques...) pour anticiper et arrêter à temps, par exemple si nous voyons qu'il va se lever...

 Si un exercice difficile est réussi, ne pas le faire refaire tout de suite en pensant que ça sera consolidé. Les chiens ont une excellente mémoire.

 Laisser passer un certain temps pour les exercices qui demandent un gros effort mental : Du temps d'André Escafre, l'exercice le plus difficile demandé à un chien était la garde. Il faisait faire ce travail aux chiens qui n'étaient pas sûrs d'eux ou qui avaient tendance à foncer avant de s'informer pour renforcer leur mental. Demander à un anxieux ou à un nerveux de devenir une force tranquille. Un exercice que tout le monde ne peut pas se permettre car le risque de renforcement négatif est trop important.

Le dépassement de la limite aurait été dramatique.

Les premières séances étaient espacées d'un mois, même pour les chiens qui venaient trois fois par semaine. La fois suivante, neuf fois sur dix, le maître avait tout oublié et il fallait tout lui réexpliquer depuis le début, alors que le chien, lui, n'avait rien oublié. Je dis cela pour illustrer le fait que le chien a besoin d'un certain temps de maturation.

En résumé, la règle est : "Ne sois pas trop gourmand !"
 

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EN PRATIQUE
 

Le rituel de départ

Il s'agit d'installer comme une position de départ pour l'écoute du chien qui sait qu'à ce moment précis c'est le maître qui "a la main". Le chien finit par savoir qu'il ne reçoit la caresse que s'il est placé à ce niveau précis. C'est toujours lui qui se déplace pour la recevoir, il vient la chercher. Le maître n'amorce aucun déplacement. 

Au début, la caresse est donnée même lorsque le chien n'est pas tout à fait au bon niveau : micro-progrès, on gratifie l'initiative de revenir au niveau du maître. Et petit à petit, le maître se débrouille pour que le chien s'arrête pile poil au bon niveau, la main étant prête pour caresser au bon moment.

Certains appareils facilitent cet apprentissage : les couloirs, les appareils étroits qui obligent naturellement le chien à se trouver presque collé au maître ; les appareils dont la forme suggère au chien de ne pas dépasser une certaine limite. Le maître obtiendra un chien qui s'arrête là où il veut sans être obligé de commander. La capacité d'écoute du chien sera disponible pour lui faire comprendre que lorsqu'il est placé à ce niveau, cela nous fait plaisir.

La qualité de la relation aux autres moments facilitera la réussite. Dans certains cas, la situation mettra en relief des problèmes dont le maître n'est pas conscient : les indications données par la queue, les hésitations du chien, etc. peuvent montrer que c'est toujours le chien qui commande ou que le chien est trop soumis...

Le regard extérieur est important car celui qui travaille peut voir qu'il y a un petit problème mais n'a peut-être pas remarqué que lui a eu un petit réflexe ou fait un sourire ou une grimace que le chien attendait (car il nous connaît mieux que nous ne le pensons). Souvent une piste inattendue s'offre à nous grâce aux discussions qui suivent les exercices.

Important : on ne refait jamais l'exercice une deuxième fois.

Nos chiens actuels progressent très vite alors que nous faisons rarement plus de quatre appareils au cours d'une séance de deux heures. (Nous ne voyons pas le temps passer, les interactions canines étant prioritaires pour nous.)
 


Vous remarquez que nous ne parlons pas.

Lorsque ce rituel est bien en place, on peut commencer à parler pour apprendre des mots au chien : par exemple avance, demi-tour (sera détaillé plus loin)...

Lorsque la petite Aïda travaille, notez que Darwin reçoit aussi la caresse quand il est bien placé.

Aïda reçoit une première caresse dès qu'elle arrive, une autre quand elle se déplace de l'autre côté, donc se rapproche ; à ce moment elle se couche à côté de l'appareil. Essayer de la faire se placer "comme il faut" serait une erreur. Donc on ignore cette initiative. Toscarenzo va se placer à l'endroit où Darwin avait été félicité et la petite peut prendre l'initiative d'aller se faire féliciter.

Dans les trois cas on voit que les chiens sont contents. Le même travail avec des queues trahissant un malaise canin serait synonyme d'un exercice raté.

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Les aides pédagogiques


LE COLLIER ET LA LAISSE

Ces outils deviennent des aides pédagogiques s'ils sont utilisés avec pédagogie, c'est-à-dire s'ils permettent au chien d'apprendre quelque chose. Dans le cas contraire, ils ne sont utiles que pour la sécurité.

Mal utilisés, ils peuvent aggraver les problèmes de relation entre le maître et le chien. Je peux en témoigner personnellement : avant de connaître Dédé, mon chien attrapait la laisse avec ses dents pour passer en mode "corde à nœuds" ou refusait d'avancer, et là encore l'affrontement se transformait en conflit. J'avais donc fini par opter pour un collier à pointes qui n'a été efficace que pendant un certain temps car il avait compris comment faire pour que les maillons se décrochent.

Personne n'avait pensé à observer ma gestuelle lors des messages donnés, ni à remettre en question le matériel utilisé.

La qualité du message donné dépendra du collier.

Il va de soi que nous n'utilisons jamais de collier à pointes ou de collier électrique. Nous n'utilisons pas de harnais car notre démarche est basée sur un dialogue avec le chien et le harnais ne permet pas de donner un message correct.

Les colliers habituels, plats, fixes, sont à bannir car le message arrive au niveau du garrot ; c'est désagréable et le chien aura l'impression d'être tiré vers l'arrière. Il aura tendance à tirer en retour.

Nous utilisons un collier rond coulissant, de préférence en cuir. Certains colliers en cordage lisse peuvent faire l'affaire. Les colliers trop souples sont à bannir, toujours à cause de la mauvaise qualité du message.

Le collier coulissant ne doit pas devenir un collier étrangleur. Selon votre doigté, il permet de donner un message très doux mais très bien perçu sur le côté du cou du chien. Le chien n'est pas étranglé car le message doit être très bref : on donne le message et on relâche immédiatement. Le chien se sent interpellé, exactement comme lorsque quelqu'un arrive derrière votre dos et vous tapote l'épaule pour dire "hep, hep", pas plus fort.

Attention à la façon dont vous enfilez le collier : lorsque le chien porte le collier, la partie qui dépasse de l'anneau pour recevoir la laisse doit tomber et non remonter. Donc pour le passer au cou du chien, placez-vous face à lui en tenant le collier de façon à ce qu'il forme la lettre P. Cela augmente votre sécurité : dans le cas d'un chien à problèmes qui a encore tout à apprendre et qui voudrait se retourner pour attraper votre main, cela serait plus difficile pour lui. Mais c'est aussi important pour la qualité du message.
 

Petite démonstration avec une vidéo :

Si je tire trop fort, le fil de laine se casse. Comme ma chienne n'a aucun problème avec la laisse, je n'ai jamais fait cet exercice avec elle et on voit qu'elle se pose des questions, d'autant plus qu'elle est toujours libre sur ce terrain... Elle fait un effort mental, regardez comme sa queue est basse à la fin, signe qu'il faut s'arrêter. Mais de toute façon l'exercice ne doit pas durer plus longtemps. Cela sera mieux expliqué avec une autre vidéo. Ici je veux juste montrer qu'on n'étrangle pas et que le message est très bref.
 

 


IMPORTANT : dans certains cas le mode coulissant est dangereux.
Par exemple si vous tenez la laisse en faisant du vélo : là vous ne pourrez pas maîtriser l'utilisation. Ou si vous confiez le chien à une personne qui risque de ne pas savoir communiquer correctement, quand vous ne pouvez pas être présent pour une manipulation par un vétérinaire : dans ces cas, attachez la laisse à l'autre anneau et le collier devient un collier "normal".

Ne jamais attacher le chien avec une laisse fixée à un collier coulissant à un endroit fixe, par exemple dans la voiture pour qu'il ne puisse pas gêner la conduite (il vaut mieux utiliser un harnais qui sera fixé comme la ceinture de sécurité) ou sur un balcon, ou devant un magasin..., le chien risque de s'étrangler. 
 


La laisse ne doit jamais être tendue : lorsque le chien perçoit une tension, il peut penser que c'est lui qui vous tire ou passer à l'affrontement.

Donc les messages donnés doivent être très brefs. 

Dès que le chien n'est plus bien placé ou dès qu'il commence à tirer, vous vous arrêtez et vous donnez un ou plusieurs petits messages trèèèèès brefs jusqu'à ce que le chien soit à nouveau bien placé et là vous donnez immédiatement une caresse. Vous ne devez pas déplacer vos pieds vers lui : une amorce de pas dans sa direction peut être interprétée comme un changement d'avis de votre part. 

Au début vous êtes obligé de vous arrêter à chaque pas. C'est normal : le chien ne sait pas que vous ne voulez pas qu'il tire. Il faut qu'il fasse le lien entre le fait de percevoir la tension et votre arrêt : "je tire, il s'arrête", "je ne tire pas on continue à marcher" (cela correspond à la position du rituel).

C'est très compliqué pour lui, aussi l'exercice doit se faire après une longue détente et doit être très court : la vidéo avec la leçon donnée par André Escafre est en TEMPS RÉEL.

Ce n'est pas grave si votre chien continue à tirer avant le prochain exercice qui n'aura pas lieu avant le lendemain.


La laisse ne doit pas être tenue n'importe comment :



J'insiste encore sur le fait que cette séance ne dure pas plus longtemps : on a arrêté dès que le chien a immédiatement réagi au message : "Je réponds au petit message, mon maître est content, donc c'est ça qu'il veut."

S'arrêter à ce moment-là est un autre message important pour le chien.

C'était une première séance avec un chien qui tirait comme un malade...
 

EN VILLE

Vous devez systématiquement être placé entre le chien et les personnes que vous croisez. Le chien peut être à votre droite ou à votre gauche. 

Ne traversez pas au milieu du passage piéton. Choisissez le côté le plus pratique.haut de page

 

LA LONGE

Tout comme la laisse, lorsqu'elle est bien utilisée, la longe est une aide pédagogique. 

Elle s'utilise avec un collier coulissant.

Il faut choisir une corde d'escalade dite statique (c'est-à-dire non élastique, détail très important) de 8 mm de diamètre pour les grands chiens, plus fine pour les chiens de petite race. La longueur idéale est de 15 mètres.  

Le mousqueton doit être de bonne qualité, mais il faut veiller à ce qu'il ne soit pas trop lourd et que le collier ne soit pas trop long : il ne faut pas que le chien reçoive des coups de mousquetons désagréables lorsqu'on lui envoie un message.

Pour que la corde ne brûle pas les mains, nous l'utilisons avec un manchon en caoutchouc découpé dans une chambre à air de vélo. 

Vous pouvez aussi protéger vos mains avec des gants ou des mitaines (rayon escalade, voile, musculation).

Il ne faut pas que la corde se termine par un nœud ou une boucle sinon vous risquez de l'accrocher aux branches, souches...

LA TECHNIQUE ET LA PÉDAGOGIE

La longe est très utile lorsqu'il s'agit de rééduquer avec un minimum de sécurité un chien qui n'a aucun rappel, qui ne sait pas communiquer avec ses congénères ou peut être dangereux.

Il est indispensable d'acquérir des automatismes de manipulation pour pouvoir gérer cet outil avec pédagogie. Si vous n'avez pas ces automatismes, vous risquez de rater le dixième de seconde qui correspond à l'observation d'un détail (donc d'une information pour vous) ou de ne pas maîtriser votre gestuelle (avec un mauvais réflexe qui pourrait induire le chien en erreur).

La longe doit permettre au chien de prendre les mêmes initiatives que s'il était libre mais sans pouvoir dépasser certaines limites. Elle doit lui permettre d'apprendre à être à votre écoute. 

Dans un premier temps on ne parle pas. N'oubliez pas que les mots ne font pas partie du langage canin mais qu'ils peuvent trahir vos émotions.
 

Parenthèse : les automatismes, c'est-à-dire les actions que nous enchaînons automatiquement, sans être obligé de réfléchir, nous permettent d'utiliser notre énergie pour gérer les autres éléments du contexte. Par exemple, quand vous apprenez à conduire une voiture, si vous voulez  tourner à gauche, au  début, vous ne pensez pas forcément au coup d’œil dans le rétroviseur avant de mettre le clignotant et avant de freiner. Le moniteur est obligé de vous reprendre... Par la suite vous le faites automatiquement. C'est important pour la sécurité.

Dans le cas de la longe, il est aussi important d'avoir les automatismes de s'arrêter avant de bloquer et d'envoyer le signal, puis de ne pas aller vers le chien. Cela vous permet de vous concentrer sur l'analyse de la situation au moment où le chien réagit. Parfois il faudra éviter de croiser son regard. À d'autres moments il sera important de disposer de tous vos moyens pour prendre une décision rapide sans paniquer.

Contexte : André Escafre a instauré l'utilisation de la longe pour permettre aux personnes qui venaient en stage avec des chiens à rééduquer de continuer à travailler avec sérénité à leur retour. Ces stages ont permis de tester la qualité des cordes, la longueur idéale, les types de mousquetons, etc.
 





À RETENIR :

On ne doit jamais arriver en bout de longe. Sur la vidéo avec le chien difficile, vous voyez que le message est donné très tôt.

On ne parle pas.

Pour rappeler, on s'arrête, on bloque et on envoie le message. Lorsque le chien revient, il ne faut pas le fixer car cela signifie "attends". Il vaut mieux être légèrement de profil. On peut attendre et le faire revenir jusqu'à nous ou commencer à marcher dans l'autre direction (selon le contexte).

Lorsqu'on laisse filer le chien, on ne pousse pas la corde dans la gaine, on desserre la main qui tient la gaine.

Avoir l'automatisme de ne pas s'arrêter pieds joints mais en ayant toujours un pied devant l'autre : si jamais le chien se met à tirer alors que nous sommes pieds joints nous risquons d'être déséquilibré.

 

Vous voyez qu'à un moment donné, Dédé guide la personne pour qu'elle ne tienne pas la longe trop haut. Ce petit détail a son importance pour éviter la fatigue au niveau des épaules.

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EXEMPLES D'UTILISATION PÉDAGOGIQUE DE LA LAISSE

Avant tout je précise que Flore n'a jamais reçu un message violent avec la laisse et le collier coulissant.

Le message donné signifie "n'aie pas peur", "je te guide" mais surtout pas "si, tu vas le faire quand même !". Il est donc important de retirer la laisse (avec une ou des caresses selon le cas) dès que le chien accepte ou comprend.

Lorsque le chien risque d'être gêné parce qu'il est privé de la possibilité de fuite, il faut le lâcher. 


VIDÉO 1

Contexte : Flore adore passer dans ce pneu, elle s'amuse souvent à le faire. C'est la première fois que je lui demande autre chose que de passer dedans. Je me contente des pattes posées dessus parce qu'elle a fait autre chose que ce qu'elle voulait au départ, ce qui est déjà un effort. 

Elle connaît le mot "monter" et n'avait pas envie de le faire. Je lui en demanderai plus le jour où elle pourra passer après des congénères qui le feront.

Un message reçu au mauvais moment peut lancer le chien. Dans certains cas, la longe est plus pratique que la laisse car elle permet d'être loin du chien qui se trouve plus en situation d'autonomie. Mais la longe a un inconvénient : elle peut se prendre dans les pattes des autres animaux et dans la situation présente, la laisse est préférable.

Dans un premier temps, il est souvent intéressant que ce soit une personne autre que le maître qui tienne la longe ou la laisse. 


VIDÉO 2

Contexte : Des retrouvailles entre amis. L'arrivée des chevaux n'était pas prévue.

Flore connaît les chevaux dans les prairies, derrière des barrières. Elle n'est pas très sûre d'elle. Elle passe sans problème lorsque nous sommes seules mais se conduit moins bien lorsqu'il y a d'autres chiens. Je ne voudrais pas qu'elle provoque une excitation générale et je n'ai pas l'habitude de fréquenter les équidés.

Je demande à David de tenir la laisse, ce qui me permet de m'écarter et de sortir du champ visuel de Flore qui comprend vite que je ne l'aiderai pas. Notez les caresses qui ont vraiment un effet apaisant.

Nous avons aussi un bel exemple de coopération canine : Ulk vient aider son maître. Il donne un message très ferme à Flore, mais très bref et sans aucune violence. Si vous êtes attentif vous remarquerez qu'il observe un moment avant d'agir.

Dommage, je n'étais pas très bien placée pour filmer, la priorité était que flore ne puisse pas croiser mon regard.

 

VIDÉO 3

Je prends la laisse qui ici permet à Flore de ne pas se sauver. Je ne reste pas en statique pour ne pas installer de fixation. Je veille à ne pas la conduire droit sur les chevaux pour ne pas la lancer (car c'est sa maîtresse qui la tient !). Je veille à ce que la laisse ne soit pas tendue et à ne pas m'arrêter pieds joints au cas où la toutoune s'emballerait. Du coup, je tiens mal la laisse par moments : dans cette position le bras se fatigue et on est moins efficace s'il faut retenir.

À la fin, la queue de Flore nous indique qu'elle est moins tendue.

Vous pouvez noter que je bénéficie aussi du regard extérieur des autres amis...

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