Généralités

 

 

Par Toscarenzo

Je n'ai pas connu Dédé à cause d'un problème avec un de mes chiens, mais à cause du regard que mon environnement portait sur notre jeune chiot. À l'époque, un beauceron faisait peur. Peu connu, grande taille (je précise la race uniquement à cause du regard extérieur porté sur cette race alors). Nous avons eu la chance de rencontrer Dédé. Ensuite, nous avons eu 3 autres grands chiens qui sont arrivés tout petits chez Dédé et ont grandi avec lui.

L'important est de nouer une relation de confiance réciproque.

Et pour cela, le conseil primordial : se faire connaître avant de se faire reconnaître.

Quand le chiot arrive dans sa nouvelle famille, il sort de sa fratrie, il quitte sa mère, les odeurs familières, les bruits, l'environnement habituels ; il débarque dans l'inconnu total, dans un monde d'humains aux voix, aux caresses, aux rires inconnus. Et nous, on l'aime déjà tellement qu'on pense normal qu'il nous aime aussitôt en retour. Laissons-lui le temps de découvrir son nouvel environnement et de l'apprivoiser ; laissons-lui le temps d'apprendre à nous connaître ; ensuite il reconnaîtra en nous son guide, il reconnaîtra nos compétences et il nous fera confiance.
 

Soyons cohérents.

Rappelons-nous que c'est un bébé chien. Apprenons-nous le savoir-vivre à nos bébés dans leurs couches ? C'est un long apprentissage, au fil des années. Pour le chiot, c'est au fil des mois, tranquillement.

Souvent, le premier "conflit" est l'éducation de la propreté. Mais qu'est-ce que la propreté pour un chiot ? Ce n'est pas notre notion humaine de la propreté ; et comment peut-il se retenir ? Les chiots sont vendus ou donnés à 8 semaines, parfois moins, et physiologiquement ils ne peuvent pas se retenir.  Alors, quand on est disponible, on peut les accompagner dehors, très souvent au départ, puis régulièrement, et observer leur rythme biologique pour les sortir ensuite aux bons moments, immanquablement après les repas ; et bien sûr on s'émerveille de chaque exploit, caresses et joie dans la voix ! Quand on est moins disponible, les sorties régulières et la joie des "exploits extérieurs" récompensés feront peu à peu comprendre au chiot nos règles de propreté.

En revanche, on ignore les "accidents" dans la maison. Quand ça arrive, on ne voit rien et on ne dit rien, on sort avec le chiot, et on le laisse dehors ou ailleurs (pour qu'il ne voit pas qu'on nettoie. On n'utilise pas d'eau de javel mais du vinaigre blanc dont les chiots n'apprécient pas l'odeur). Si on ne réagit pas, les accidents ne prennent pas d'importance, et le chiot analyse vite que "pipi dehors" = caresses et joie de son maître, tandis que "pipi dedans" = rien. Aucun intérêt !

En règle générale c'est fou comme c'est efficace d'"IGNORER". Quand on ignore, quand on ne voit pas qu'il a piqué un torchon, qu'il s'est enfui avec une manique, il se rend compte que ça n'attire pas l'attention, que ça ne lui rapporte pas l'attention de son maître, que c'est donc inutile.
 

Respectons le rythme biologique et la croissance d'un chiot.

Un chiot, comme un bébé, a besoin de dormir, beaucoup ! Souvent, nous voyons des gens jouer avec le chiot parce qu'il est excité, pour le fatiguer. Le résultat est tout le contraire, on l'excite encore plus. Le plus simple est de refermer la porte de la pièce où il a l'habitude de dormir, en lui disant gentiment "tu attends, je reviens", et le chiot excité tombe raide fatigué, et dort !

Il faut aussi laisser le temps aux os et aux articulations de bien se développer et c'est encore plus impératif pour les grands chiens. Pendant la croissance, un adage dit "5 minutes maximum de balade par mois d'âge", simple à retenir. Et bien sûr, des balades à un rythme tranquille. Nous disons "au pas de sénateur". Pas de sauts, pas de courses provoquées (lancer de balles ou de bâtons...), ils ont assez l'occasion de courir à leur rythme, selon leurs besoins, mais un petit cache-cache de temps en temps, ça renforce l'attention du chiot, et donc le rappel (j'y reviens plus loin).

Les jouets sont aussi des excitants et des incitations à mordre ! Nos chiots se portent très bien sans tous les gadgets que l'on nous incite à acheter, pour le seul bénéfice des marchands de ces objets inutiles, et même nocifs. Si vous donnez un jouet mou, qui plus est qui fait "pouic-pouic", que se passe-t-il ? Vous croyez donner un jouet amusant, mignon, mais en fait, que fait le chiot ? Il mordille, parce que c'est mou, parfois bruyant, et il mordille de plus en plus. Quand il mordille gentiment votre main, ou le  bras d'un enfant, même réaction, ça couine, il serre un peu plus, et là il se fait gronder. Est-ce cohérent ? Et quand il grandit, malgré les "non !", les interdictions, il a appris à mordiller, à mordre, et là on n'aime plus du tout.

Oubliez les jouets mous et sonores ; ce qui n'interdit pas le "doudou". Un vieux tee-shirt par exemple, bien imprégné de notre odeur, qu'on lui sacrifie. Il se baladera partout avec !

Des jouets ? il peut en avoir, mais faites le test : une pointe d'épingle ne doit pas pouvoir le griffer ou y être plantée. Sur les plages du Bassin, on trouve des flotteurs apportés par la marée, des boules rondes comme des ballons, mais très dures. Si le chiot prend la boule en gueule, il peut la transporter, mais pas la mâchouiller ; il joue alors avec ses pattes (super dribbleur !), ce qui développe la maîtrise de ses gestes.

Ensuite, pour nous, une autre chose est importante : donner aux chiots les limites du futur. Le chiot est attendrissant, on le laisse faire des choses qu'après on lui interdit. Autant donner les limites dès le départ, et on peut le faire sans être contraignant.

Par exemple, l'approche des humains : souvent, le chiot va mettre les pattes sur les jambes des pantalons pour être plus proche des caresses et du regard. C'est mignon, mais quand le chiot devient grand, ça devient dérangeant. En fait, là, il faut faire la police autour de soi : ce n'est pas au chiot qu'il faut apprendre à ne pas sauter, c'est aux amis, aux gens rencontrés, à apprendre à ne pas caresser un chiot s'il n'a pas les 4 pattes par terre. J'ai eu des regards étonnés quand j'interdisais la caresse dans ces conditions, que je demandais "vous le caressez seulement quand il a les 4 pattes au sol" ; et je disais à mes amis, "quand il pèsera 60 kg, vous apprécierez qu'il vous saute dessus ?" Mais c'est pareil pour un chien de petite taille, les pantalons blancs en font les frais.

Pareillement, le chien peut monter sur les canapés, les lits par exemple, sans nuire à votre relation si cela correspond à votre mode de vie. Mais si vous ne voulez pas que votre chien adulte le fasse, ne l'autorisez pas au chiot.
 

On dit "parler comme à un chien", et c'est très négatif, méprisant. Ne parlons pas à nos chiots, à nos chiens, "comme à des chiens". Parle-t-on à un bébé en hurlant, ou sur un ton sans réplique ? Les chiots sont sensibles à l'intonation de la voix, aux expressions corporelles, comme les chiens adultes. Parler d'une voix douce à son chiot n'est pas marque de faiblesse, et on obtient plus d'écoute et d'attention.
 

Un autre point important, c'est l'apprentissage de la liberté, et du rappel. Apprendre, nous, à marcher lentement, en laissant le chiot aller fureter ici et là, sans parler ; le chiot apprend à faire attention à nos déplacements ; c'est à lui à apprendre à ne pas nous perdre. Bien sûr, on garde toujours un oeil... mais le silence est d'or ! Si on appelle le chiot, il voit qu'on s'occupe de lui, qu'on le surveille, pourquoi faire attention ? En forêt, c'est facile, les buissons sont des obstacles naturels, mais en terrain découvert, on peut aussi changer de direction ; il apprend par lui-même à avoir un oeil sur son maître (ou son nez), pour surveiller ses déplacements. Avec ces bases et une bonne relation, le rappel devient naturel, sans avoir besoin de rien dire.

Et puis, il faut aussi apprendre à observer son chiot ; le chiot appréhende le monde qu'il découvre en se posant toujours cette question, vitale pour l'animal : "est-ce que ce n'est pas dangereux ??" Si vous voyez votre chiot timide, craintif (cf. l'analyse de la gestuelle du chien), ne le rassurez pas de la voix ou du geste, ne le poussez pas non plus. Donnez-lui le temps d'analyser la situation ; approchez-vous de l'objet qui l'inquiète, l'air de rien, pour lui montrer que cela ne vous pose pas de problème, et laissez le faire son approche à son rythme. En revanche, s'il fonce "bille en tête", sans réfléchir, éloignez-vous, il a peut-être trop confiance dans votre protection. Il faut qu'il apprenne à gérer par lui-même les situations...

Mais on développera tous ces thèmes.

Le point le plus important : la RELATION !!!

Elle est à la base de tout, et tout le reste suit naturellement si nous veillons à ne pas ajouter d'incohérences humaines.

Les chiots que vous voyez sur cette vidéo ont tout juste deux mois. Ils ont appris le rappel naturellement en imitant leur mère. Ils n'avaient jamais mis les pattes au club... Ils viennent chercher la caresse tout simplement.


Un autre exemple avec un chiot ramassé par des personnes qui l'ont aperçu se faire jeter d'une voiture pendant qu'ils étaient en train de tailler leur haie et qui l'ont confié au vétérinaire qui lui a trouvé une famille. Ici, il n'a pas deux mois (d'après le vétérinaire) et est dans sa nouvelle famille depuis à peu près une semaine. C'est dire que le rappel basé sur la relation est vite compris... et plus beau à voir que l'exécution de : "Au pied !"

Ils ne sont pas encore propres mais ont déjà le rappel !!!
 

Deux astuces qui marchent dans certains cas.

- Si vous souhaitez que votre chiot fasse ses besoins à un endroit précis de votre jardin, le jour où vous le ramenez de l'élevage, vous le conduisez tout de suite à cet endroit. Vous attendez qu'il fasse son pipi, vous le félicitez avec enthousiasme et vous rentrez lentement avec lui pour lui apprendre le chemin. Par la suite il sera tenté d'aller vers cette place.

- Si votre chien fait des trous dans le jardin, en son absence, vous mettez ses crottes (assez fraîches) dedans et vous les recouvrez d'un peu de terre. Cela a "magiquement" fonctionné avec mon dernier chien, mais pas du tout avec ma chienne actuelle. Mais vous n'avez rien à perdre.

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Que faut-il penser des écoles pour chiots ?

Par Cerf-Volant

 

En général, elles ne correspondent pas à notre vision du chien : on y pratique presque toujours le conditionnement et le jeu organisé par les humains.

Le "contenu pédagogique" correspond presque toujours à une relation maître dominant/chien soumis.

Surtout, l'absence de plusieurs adultes canins équilibrés ne permet pas d'améliorer la culture canine des chiots qui en auraient besoin.  

Mais il ne faut pas "mettre tout le monde dans le même panier", nous ne sommes pas les seuls au monde à nous poser les bonnes questions. Allez voir comment cela se passe sans votre chiot avant de prendre votre décision.

L'intérêt est de permettre à votre chiot de faire des rencontres canines en LIBERTÉ. Faites-le aussi souvent que possible, c'est très important pour son équilibre mental. 

Si vous avez un chiot de grande race, faites-lui rencontrer des chiens adultes et des vieux chiens de petite race : il apprendra "des choses". Mais surtout, comme il n'aura pas atteint son vrai gabarit, vous n'aurez pas peur pour l'autre chien et vous lui permettrez de s'informer sans ajouter d'éléments négatifs.

Si vous n'avez pas la possibilité de le faire dans un club, mettez une petite annonce chez votre vétérinaire en disant que vous cherchez des personnes ayant la même vision des choses que "des-amis-et-des-chiens" (pour être certain de ne pas tomber sur des adeptes du clicker, etc.) 

Conduire son chien dans une école n'est pas indispensable. 

En revanche, il est vital pour son équilibre mental de lui offrir des vraies promenades aussi souvent que possible. Une vraie promenade n'est pas une sortie hygiénique ou un entraînement sportif. Il doit la vivre en liberté.

Contrairement à ce que vous risquez de penser, tout le monde ne sait pas promener son chien.


Une promenade peut être aussi "éducative" qu'une leçon dans une école si elle est bien conduite. 

L'objectif du travail est toujours d'avoir un bon rappel, un chien sociable avec ses congénères et les humains, un chien capable d'accepter des frustrations à la demande de son maître.

En général, on commence avec ce qui est appelé "les ordres de base" que nous remplaçons par la mise en place d'une vraie relation. Les promenades offrent mille opportunités pour la construire.

 

Voici un exemple de promenade. Vous verrez que tous les objectifs cités sont "travaillés" spontanément.

L'amie qui m'a envoyé cette vidéo n'a connu les conseils d'André Escafre que via son forum où elle était venue chercher des informations avant d'adopter son chiot. Elle a donc veillé à ce que tout se passe au mieux déjà avant l'arrivée du chiot à la maison.

Ce détail est très important : c'est la preuve qu'on peut faire un très bon travail sans être un professionnel. 

Le contexte de la vidéo :

Ici, Guinness a trois mois. Bien entendu, on ne lui a jamais appris "assis, couché, etc." ; vous comprendrez que c'est inutile.

 

 

Dans mon commentaire, j'ai oublié de relever qu'au moment où la maîtresse rappelle Guinness en train de jouer, elle le fait en continuant à s'éloigner.

Rappeler en s'approchant serait une incohérence : elle demanderait à la petite de venir à elle avec les mots mais dirait "Attends je viens" avec son déplacement.

La seule fois où la maîtresse oublie de saisir une opportunité, c'est quand elle accélère le pas pour rejoindre Guinness. Elle aurait pu faire un "cache-cache" pour travailler une écoute encore plus attentive. 

D'autres se seraient arrêtés et auraient rappelé. Mais Guinness comprend déjà quand on l'appelle. Donc si elle était systématiquement rappelée, elle oublierait d'apprendre à garder elle aussi un œil sur sa maîtresse. Et lorsque le rappel est nécessaire, sa rareté le rend plus efficace.

Le dernier passage illustre aussi l'efficacité de "faire semblant de ne pas voir".

Si cela n'est pas possible avec votre chien, s'il passe immédiatement à l'excitation, pour lui faire perdre l'habitude anticipez en le mettant en longe une vingtaine de mètres avant, en restant aussi loin de lui que possible, la longe l'empêchant de sauter sur le grillage, en marchant très lentement pour qu'il puisse s'informer.


A suivre ...

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